« Parlons du socialisme. Je pense qu'il est essentiel de remettre l'idée de socialisme au cœur du débat national, comme c'était le cas au tournant du siècle dernier, avant que l'Union soviétique ne la ternisse. Le socialisme jouissait d'une bonne réputation dans ce pays. Il avait des figures emblématiques comme Eugène Debs, Clarence Darrow, Mother Jones et Emma Goldman. Des millions de personnes lisaient des journaux socialistes à travers le pays. Le socialisme prônait une société plus humaine et plus solidaire, un système économique qui produise non pas pour le profit d'une entreprise, mais pour répondre aux besoins de la population. Il ne faut pas rejeter le terme socialisme sous prétexte qu'il faut aller au-delà du capitalisme. - Howard Zinn (allocution prononcée 2009)
« Tant qu’il y aura une classe inférieure, j’en serai ; tant qu’il y aura une classe criminelle, j’en ferai partie ; tant qu’il y aura une âme en prison, je ne serai pas libre ». Ces mots prononcés par Eugène Victor Debs lors de sa déclaration au tribunal de Cleveland en septembre 1918, résument une conviction profonde, simple mais radicale : la liberté n’a de sens que si elle est partagée. Car la liberté de chacun est nécessairement liée au sort des autres ; elle est une condition commune ou elle n’est pas.
L’enfant rebelle des rails
Eugène Victor Debs naît le 5 novembre 1855 à Terre Haute, dans l’Indiana, au sein d’une famille d’immigrés alsaciens. Son père, Jean Daniel Debs, a quitté la France après les révolutions de 1848 pour chercher une vie meilleure dans le Midwest américain. Comme beaucoup d’Européens de cette génération, il croit pouvoir trouver outre-Atlantique une société fondée sur le mérite et la dignité plutôt que sur la naissance et la fortune. Mais l’Amérique qu’il découvre n’est pas celle des promesses, c’est un pays en pleine mutation industrielle, où les rails s’étendent plus vite que les droits des hommes et où l’égalité proclamée se heurte déjà à la brutalité de l’argent.
C’est dans cet univers mêlé d’espoir et de désillusion que grandit Eugène. Il hérite de son père le goût de la liberté et le respect du travail bien fait, mais découvre très tôt la dureté du monde ouvrier. À quatorze ans, il travaille déjà dans les ateliers de la compagnie ferroviaire Terre Haute & Indianapolis Railroad. Le monde du rail devient son premier terrain politique. C’est là qu’il découvre la discipline de fer imposée aux ouvriers, la peur du licenciement, les salaires aléatoires, et la hiérarchie autoritaire d’un capitalisme qui ne se cache pas encore derrière le langage du management.
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