« J'ai participé, dans la mesure de mes moyens et de la façon qui me convenait le mieux, à l'histoire de mon temps. »
Gérard Chaliand vient de nous quitter. Avec lui disparaît une figure rare, un témoin inlassable des guerres de notre époque, un penseur lucide des rapports de force mondiaux, mais aussi un homme entier, fidèle, honorable et, avant tout, libre – de cette liberté non dévoyée, réelle, profonde, qui est sûrement la matrice d'un Occident maintenant en déclin.
Né en 1934, il aurait pu se contenter d’une carrière académique confortable. Mais il a choisi une autre route : celle du terrain, des routes poussiéreuses et des pays en guerre. Partout où se jouait l’Histoire, il a voulu être là. En Érythrée, il a partagé la vie des maquisards qui luttaient pour leur indépendance. Au Kurdistan, il a marché aux côtés des combattants qui résistaient à l’oppression et rêvaient d’un État. En Afghanistan, il a suivi les moudjahidines dans les montagnes, à l’époque où ils affrontaient l’armée soviétique. En Amérique latine, en Asie, en Afrique, il a été l’observateur engagé de ces guerres oubliées, où se décidaient pourtant les équilibres futurs du monde.
Avec Gérard, cela allait plus vite de compter le nombre de pays dans lesquels il n'était pas allé. On en riait, il n'y a pas si longtemps, lors d'une conférence qu'il avait donnée à la Société des Explorateurs Français (SEF).
Gérard Chaliand avait le goût des autres peuples, des civilisations, des cultures. La diversité, pour lui, ce n'était pas le gloubi-boulga néomoderne où tout est mélangé et qui nivelle les sociétés occidentales, mais le réel respect de l'autre et la tentative de comprendre pourquoi l'Autre est ce qu'il est.
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