Ce 23 septembre, la CGT fête ses 130 ans ! C’est l’occasion de revenir sur une histoire traversée de luttes, de victoires sociales et de tragédies, de divisions et de renaissances. Depuis le congrès fondateur de Limoges en septembre 1895 jusqu’aux manifestations contre la réforme des retraites en 2023, la Confédération générale du travail a été la colonne vertébrale du mouvement ouvrier français. Elle a arraché les grandes conquêtes sociales du XXᵉ siècle (congés payés, semaine de 40 heures, Sécurité sociale, retraites par répartition) tout en incarnant, malgré ses crises, une mémoire des luttes et une promesse d’émancipation.
« Tant qu’il y aura des patrons, il faudra une CGT », disent ses militants.
Derrière la formule choque, il y a bien une vérité : la CGT est née d’un rapport de force et elle a survécu parce qu’elle a su le maintenir. Là où d’autres ont choisi l’accompagnement, elle a conservé, au moins en partie, cette culture de la lutte, ce refus de se laisser enfermer dans la seule négociation.
Chaque époque aura donné ses figures : Pelloutier et son rêve de solidarité, Griffuelhes et la grève générale, Jouhaux et la paix sociale, Frachon et la clandestinité, Croizat et la Sécurité sociale, Séguy et Grenelle, Krasucki et la fidélité, Thibault et l’ouverture européenne, Martinez et le retour du conflit, Sophie Binet enfin, qui incarne une génération plus jeune, féministe et sensible aux enjeux écologiques. À travers eux, c’est toute une histoire de la France qui s’écrit : celle d’un pays où le travail, longtemps synonyme d’asservissement, est aussi devenu le lieu de l’émancipation. Et si, comme l’écrivaient Marx et Engels, « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes », la CGT en est une traduction vivante, avec ses grandeurs et ses limites.
Aujourd’hui, l’organisation n’est plus la forteresse ouvrière qu’elle fut dans les années 1930 ou au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Mais elle demeure, chez ses partisans comme chez ses détracteurs, un symbole.
L’âge héroïque. « Ensemble, nous pouvons tout »
Le 23 septembre 1895 se tient à Limoges le congrès national corporatif, rassemblant les fédérations de métiers et les Bourses du travail. Dans une salle enfumée, près de deux cents délégués ouvriers venus de toute la France débattent avec fougue. Depuis des années, le patronat s’organise. Les travailleurs, eux, sont restés dispersés : ici les fédérations de métiers, là les Bourses du travail… faut-il unir leurs forces face au patronat et à l’État ?
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