La Russie et l'Occident : de la fascination à l'intérêt ; de l’intérêt à l'incompréhension

De l’enthousiasme post-soviétique à la défiance stratégique : en trente ans, la relation Russie–Occident a glissé de la fascination à l’incompréhension, sur fond d’élargissement de l’OTAN, de crises balkaniques et d’un pivot assumé vers l’Asie.

La Russie et l'Occident : de la fascination à l'intérêt ; de l’intérêt à l'incompréhension
Photo by M IVANOVSKI / Unsplash

Les relations entre la Russie et l'Occident constituent un vieux problème. Il émerge avec le règne de Pierre-le-Grand, et le voyage de ce dernier en Europe, quand la Russie s’affirme peu à peu comme une grande puissance européenne. En Russie même, il donne naissance à l’opposition entre occidentaliste et slavophiles car le règne de Pierre-le-Grand fut aussi marqué par l’accentuation de ka séparation des « vieux croyants » et du schisme au sein de l’église orthodoxe[1].

Si l’on s’en tient à la Russie modernes, la Russie post-soviétique, ces relations ont connu différentes phases. De 1992 à 1998, l'admiration pour l’occident était sans bornes. Les élites soviétiques, et surtout leurs enfants, partant du principe que le monde occidental avait montré sa supériorité sur l’Union soviétique, s’étaient décidés à l’imiter en toute chose. On sait ce que cela produisit, dans les années 1990. La Russie était devenue en réalité une caricature du monde occidental avant de s'effondrer[2], lorsque les États-Unis se sont révélés incapables d'enrayer la crise financière russe d’août 1998[3] que le libéralisme adopté par les élites russes avait contribué à engendrer[4]. Le choc qui en découla fut immense[5]. Politiquement, il signifia la mort du courant libéralo-occidental qui avait dominé la Russie depuis 1991[6]

Cependant, si 1998 a marqué une rupture nette[7], un glissement subtil a émergé dès 1997, dans la presse et l'opinion publique, vers un retour à ce que l’on peut appeler la « tradition soviéto-russe ». La crise du Kosovo, et le mandat d'Evgueni Primakov, comme Premier ministre ont consolidé par ailleurs cette rupture.

La déconfiture de ce courant libéralo-occidentaliste, et de ses soutiens dans les pays occidentaux, engendré par la crise financière d’août 1998, et le tournant plus étatiste imposé par Evgueni Primakov, n’ont pas conduit le pays à la ruine définitive comme annoncé par le FMI. La croissance est repartie, de manière fulgurante, dès l’année 1999. Paradoxalement, ceci engendra la naissance d’un courant antirusse dans certains cercles occidentaux. Le relèvement économique de la Russie ne pouvait être une bonne nouvelle, justement parce qu’il prenait à contre-pieds certains dogmes économiques occidentaux.

On oublie trop souvent cela. L’origine de ce retour d’une méfiance occidentale contre la Russie, celle de Primakov et celle de Poutine, peut se situer dans le dénouement, somme toute heureux, de la crise de 1998. Alors que l’on avait tout pardonné, tout accepté, de Boris Eltsine on ne pardonnera rien aux nouveaux dirigeants russes, justement parce qu’ils entendent reconstruire leur économie et leur État[8].

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