L’affaire des « camptowns » sud-coréens et l’angle mort moral de l’Occident

Plus de cent Sud-Coréennes ont porté plainte pour dénoncer un système d’esclavage sexuel organisé autour des bases américaines. Ce scandale, qui s’étend à d’autres pays d’Asie, révèle l’hypocrisie d’un Occident se présentant comme le « camp du bien » tout en occultant ses propres crimes.

L’affaire des « camptowns » sud-coréens et l’angle mort moral de l’Occident
G.I. américain profitant d'un R&R (rest and recreation) à Taïwan

« Camp du bien » contre « camp du mal » : la dramaturgie manichéenne structure encore trop souvent le récit occidental. Dans l’imaginaire médiatique, certains pays incarnent le mal absolu, à la manière de Sauron dans Le Seigneur des Anneaux ou de Voldemort dans Harry Potter. La Russie, aujourd’hui, est systématiquement présentée comme cet ennemi ultime. En face, l’Occident se voit comme le gardien du bien, soutenu par son chef de file principal : les États-Unis.

Cette vision n’est pas nouvelle. Après les attentats du 11 septembre 2001, le président américain George W. Bush a popularisé la formule de l’« axe du mal », visant l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord. Cette rhétorique binaire — où certains pays sont désignés comme intrinsèquement mauvais — a façonné la politique étrangère américaine pendant des décennies et continue d’imprégner le discours dominant. Elle permet de justifier guerres, sanctions et interventions au nom d’une mission quasi messianique : apporter la démocratie et la civilisation à des peuples supposément « dans l’erreur ». Mais la réalité de la géopolitique est infiniment plus complexe. Comme lors de la colonisation, chaque puissance se perçoit du côté du bien, tout en imposant à d’autres populations une domination qu’elles vivent comme une oppression. À l’époque, les colonisateurs parlaient de « mission civilisatrice » ; les colonisés, eux, voyaient souvent dans cette entreprise une dépossession brutale et une exploitation.

À la faveur d’une publication sur X d'Arnaud Bertrand (qui a une émission sur fréquence populaire), nous redécouvrons un dossier longtemps relégué en périphérie : le système sud-coréen de prostitution autour des bases américaines, dont les survivantes réclament aujourd’hui justice.

Une plainte qui vise un système, pas seulement des individus

Le 9 septembre 2025, plus de 100 Sud-Coréennes ont saisi la justice en accusant, pour la première fois de façon explicite, l’armée américaine de les avoir réduites à un rôle de « femmes de réconfort » dans les camptowns des années 1950-1980. L’AFP/Le Monde rappelle qu’en 2022 la Cour suprême a jugé que le gouvernement sud-coréen avait « établi, géré et exploité » ces bordels et ordonné des indemnisations ; la nouvelle plainte demande en outre des excuses officielles et 10 millions de wons (≈ 7 200 $) par plaignante. Dans un témoignage cité, l’une d’elles explique avoir été « recrutée à 17 ans » sous de faux prétextes puis retenue par la dette — un mécanisme assimilable à l’esclavage sexuel.  

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