Le livre «La jungle» - Upton Sinclair

« Ce n’est pas un conte et ce n’est pas une plaisanterie », avertit Upton Sinclair dans «La Jungle». Paru il y a 120 ans, ce roman trace un portrait saisissant de l’enfer capitaliste. Une œuvre emblématique pour comprendre la mécanique de l’exploitation capitaliste et du taylorisme triomphant.

Le livre  «La jungle» - Upton Sinclair
« La population de Packingtown était essentiellement constituée de prolétaires étrangers pour la plupart, des crève-la-faim dont la survie dépendait d'hommes bestiaux et sans scrupules qui n'avaient rien à envier aux négriers d'autrefois. Dans ces conditions, l'immoralité était tout aussi inévitable, tout aussi répandue que du temps de l'esclavage proprement dit. Il ne se passait pas de jours sans que des actes inqualifiables se produisissent à Packingtown. Tout le monde trouvait cela normal. Seulement, ce n'était pas aussi visible qu'à l'époque de l'esclavagisme, car il n'y avait pas, entre maîtres et esclaves, de différence de couleur. » - Upton Sinclair, La jungle, 1906

« Tant qu'il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers et compliquant d'une fatalité humaine, la destinée qui est divine (...) Tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres comme celui-ci pourront ne pas être inutiles » - Victor Hugo, Les Misérables, 1962

Genèse d’une œuvre-enquête au cœur de l’Amérique industrielle
Né en 1878 dans une famille appauvrie de Baltimore, Upton Sinclair est très tôt marqué par le contraste entre la misère dont il est témoin dans certains quartiers et l’aisance de ses proches. Sa sensibilité le pousse rapidement à lire Marx et à se rallier aux socialistes. Il publie un premier roman, Manassas, du nom de la bataille du même nom (en juillet 1861) pendant la guerre de Sécession, qui relate l’évolution d’un jeune homme du Sud, Allan Montague, issu d’une famille esclavagiste de Virginie. Au fil du récit, Montague découvre l’horreur morale et sociale du système esclavagiste, et finit par s’engager du côté nordiste. Mais pour Sinclair, cette histoire est aussi l’occasion de défendre l’idée que la confrontation est une étape nécessaire dans la lutte pour l’égalité.

Fred D. Warren, alors rédacteur en chef du journal socialiste américain Appeal to Reason,  voit en Sinclair un jeune romancier-socialiste capable d’écrire vite et à charge. Il lui propose, en 1904,  de financer l’écriture d’un grand feuilleton sur les ouvriers des abattoirs de Chicago. Sinclair accepte et part s’immerger pendant sept semaines dans le quartier des abattoirs Packingtown. Il s’y immerge incognito, interroge les ouvriers, observe les cadences infernales, note les accidents, repère les combines des contremaîtres, constate la misère des familles entassées dans des taudis insalubres. Entre février et novembre 1905, les épisodes se succèdent et rencontrent un succès immédiat auprès d’un public conquis par la force de la dénonciation.

Conscient de tenir un sujet explosif, Sinclair peaufine son texte afin de toucher un lectorat au-delà des cercles militants, sans renoncer pour autant au message politique qui imprègne le roman. En février 1906, La Jungle sort en roman chez l’éditeur new-yorkais Doubleday et devient aussitôt un best-seller national. Jack London salue le talent de son jeune confrère en qualifiant La Jungle de véritable « Case de l’Oncle Tom de l’esclavage salarié » (The Cosmopolitan, mars 1906) ; une formule qui fera florès pour décrire l’impact de ce roman sur la conscience américaine.

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