« La mesure de nos progrès n’est pas de savoir si nous ajoutons plus à l’abondance de ceux qui ont beaucoup, mais si nous en fournissons suffisamment pour ceux qui ont peu. » - Franklin D. Roosevelt
La France se noie dans ses débats parlementaires. Entre une majorité introuvable et une gauche empêtrée dans la rhétorique d’un autre âge, la question de la fiscalité des plus riches revient comme un mantra à gauche, mais sans consistance. Le Nouveau Front Populaire brandit la « taxe Zucman » comme l’arme ultime contre les inégalités. L’intention paraît louable : faire contribuer davantage les ultra-riches. Mais la méthode est bancale, et surtout, elle passe à côté de l’essentiel. Oui, les ultra-riches sont trop riches. Non, cette taxe n’est pas la solution.
La « taxe Zucman », totem d’une gauche moralisatrice, repose sur un contresens économique, comme l'a fort bien expliqué Jacques Sapir dans un article publié sur Fréquence Populaire, « Totems et tabous de la « gauche » ». Le système fiscal français est déjà progressif : les plus riches paient la plus forte part d’impôts. En voulant taxer le patrimoine plutôt que les revenus, cette taxe confond richesse réelle et valeur boursière fluctuante. Une ponction uniforme de 2 % frapperait indistinctement les entreprises performantes et celles à faible rendement, décourageant l’investissement et l’innovation. Coûteuse à appliquer, elle rapporterait peu et risquerait d’être anti-économique et anti-sociale.
La solution passe non par une taxe symbolique mal fagotée mais qui fait plaisir dans le registre de la communication, mais bien par une refonte cohérente de la fiscalité et une relance de la production.
Car le problème c’est celui d’un système fiscal français devenu inefficace, illisible et profondément injuste. Depuis quarante ans, les dérégulations successives ont ouvert la voie à une oligarchie financière mondialisée, souvent plus puissante que les États eux-mêmes. En dérégulant les marchés, en affaiblissant les souverainetés nationales, les gouvernements européens ont contribué à leur propre impuissance. La France, naguère puissance industrielle, se retrouve dépendante des capitaux qu’elle ne contrôle plus et des multinationales qui délocalisent leurs profits comme leurs usines.
Aucun président américain — ni Obama, ni Trump — n’aurait toléré qu’une entreprise réalisant des profits colossaux aux États-Unis transfère l’intégralité de ses bénéfices dans un pays tiers. Pourtant, c’est la norme dans l’Union européenne. Même les États-Unis, souvent vilipendés pour leur capitalisme débridé, conservent des paradis fiscaux « internes » comme le Delaware ou le Dakota du Sud, où près de la moitié des entreprises cotées à Wall Street ont installé leur siège. Mais au moins, eux, ne renoncent jamais à leur puissance fiscale.
En France, au contraire, l’État s’étiole, l’argent ne rentre plus, et les inégalités explosent. Le système fiscal, conçu pour une économie du XXᵉ siècle, ne peut plus être réformé marginalement : il faut le repenser de fond en comble.
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