L’IA au travail: la servitude algorithmique

Derrière l’essor fulgurant de l’IA, une question cruciale : comment éviter que l’efficacité calculatoire n’achève la dépolitisation du travail et n’impose une nouvelle forme de servitude ?

L’IA au travail: la servitude algorithmique
« Les choses jouent le rôle des hommes, les hommes jouent
 le rôle des choses ; c'est la racine du mal.
 »
Simone Weil, La condition ouvrière, 1951

D’après le Stanford HAI AI Index Report 2025, environ 78 % des organisations dans le monde déclaraient utiliser l’intelligence artificielle en 2024, contre 55 % l’année précédente. En France, ce ne seraient encore que 10 % des entreprises de 10 salariés ou plus qui utilisent au moins une technologie d’IA (mais 33 % des grandes entreprises de 250 salariés et plus). En 2023, ce taux était de 6 % : une progression significative ! Et tout indique que le mouvement ne fera que s’amplifier.


L’introduction de plus en plus répandue des intelligences artificielles dans les organisations professionnelles s’inscrit certes dans la continuité des transformations passées (mécanisation, automatisation, informatisation). Mais cette évolution va beaucoup plus loin. L’automatisation n’est plus seulement celle des gestes, mais, d’une certaine manière, celle des esprits. Et cette « grande transformation 3.0 » a des conséquences qui vont bien au-delà de la seule scène opérationnelle du travail.


Aujourd’hui, l’IA est présente dans tous les secteurs d’activité. Dans le secteur primaire, où drones agricoles, robots trayeurs et systèmes de prévision optimisent cultures et élevages, détectent les maladies végétales et ajustent les récoltes. Dans le secteur secondaire, où cobots et maintenance prédictive transforment l’industrie automobile et aéronautique, tandis que le contrôle qualité automatisé repose sur la vision artificielle. Dans le tertiaire, où assistants virtuels, IA juridiques et médicales interviennent dans les relations client, dans la rédaction de contrats ou dans l’analyse d’IRM et de scanners. Dans le quaternaire, où l’IA traite et synthétise d’immenses volumes de données scientifiques, économiques ou juridiques, identifie des tendances et corrélations invisibles à l’œil humain, propose scénarios et recommandations et permet aux décideurs de fonder leurs choix sur des analyses plus rapides et plus complètes. Même le secteur militaire utilise déjà des IA génératives pour analyser des images satellites, planifier des opérations, simuler des conflits, prédire l’issue d’une bataille ou déterminer la meilleure stratégie en fonction de milliers de variables.


Mais si la carte dessine un avenir radieux, le territoire raconte une autre histoire. Comme le montre un récent rapport de l’Organisation internationale du travail (2024), l’introduction des IA dégrade souvent les conditions de travail : intensification des exigences, cadences augmentées, perte d’autonomie, contrôle renforcé, tâches davantage fragmentées, perte de sens… Et les exemples sont légion.

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