Vingt ans après l’invasion américaine, l’Irak se rapproche de Moscou

Vingt-deux ans après l’invasion américaine, l’Irak se tourne vers Moscou. La visite de Sergueï Choïgou à Bagdad marque l’affaiblissement durable de l’influence des États-Unis et l’ancrage de la Russie au Moyen-Orient.

Vingt ans après l’invasion américaine, l’Irak se rapproche de Moscou
« Nous sommes prêts à approfondir la coopération militaro-technique avec l’Irak » - Sergueï Choïgou, secrétaire du Conseil de sécurité de Russie.

Ce 16 septembre 2025, le secrétaire du Conseil de sécurité de Russie (un des postes centraux du pouvoir, très proche de Vladimir Poutine), Sergueï Choïgou, a effectué une visite officielle à Bagdad. Si le séjour fut bref et si l’agenda officiel évoque la coopération militaire, énergétique et diplomatique, c’est surtout la portée symbolique de cette visite qui retient l’attention. Elle intervient dans un Irak marqué par les séquelles profondes de l’invasion américaine de 2003, le poids croissant de l’influence iranienne et la recherche d’un nouvel équilibre régional où Moscou s’affirme comme un acteur incontournable… au détriment des Etats-Unis.

Héritage d’une guerre désastreuse

Plus de vingt ans après le renversement du régime de Saddam Hussein, l’Irak reste profondément marqué par les conséquences humaines, matérielles et politiques de l’intervention américaine. Loin de l’objectif affiché de démocratisation et de stabilité, l’invasion a déclenché une spirale de violences confessionnelles, de destructions massives et de déplacements de populations. Les infrastructures, déjà fragilisées par des années de sanctions, ont été mises à rude épreuve, tandis que le tissu social irakien s’est trouvé déchiré par la montée des tensions entre communautés sunnite, chiite et kurde.

Le bilan humain et matériel de cette guerre illégale est accablant. Selon l’ONG Iraq Body Count, plus de 200 000 civils irakiens ont été tués entre 2003 et 2023. Une étude du Lancet estimait déjà en 2006 à plus de 600 000 les morts indirectes en trois ans. Les infrastructures — hôpitaux, écoles, réseau électrique — avaient été dévastées, sans que cela soulève beaucoup d’émoi en Occident. Le démantèlement de l’État et de l’armée a fait voler en éclats le fragile équilibre confessionnel, précipitant le pays dans la guerre civile puis dans les griffes de Daesh. En juin 2014, Daesh prend le contrôle de Mossoul et proclame la création d’un califat islamique en Irak. Abou Bakr al-Baghdadi y est désigné calife, l’annonce étant faite depuis la Grande mosquée al-Nouri, qui devient dès lors le centre religieux du nouveau califat.

La classe politique issue de l’ère post-Saddam a peiné à instaurer une gouvernance efficace. La corruption endémique et les rivalités internes ont miné les institutions, ouvrant la voie à une instabilité chronique. À ce terreau déjà instable est venue s’ajouter l’émergence de groupes djihadistes, dont l’État islamique (EI), qui a su exploiter le vide sécuritaire pour s’implanter durablement dans certaines régions.

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