Oubliée, la peur du feu nucléaire ? Dans A House of Dynamite, Kathryn Bigelow fait exploser le confort moral d’un monde persuadé que la bombe n’est qu’un souvenir. Un film coup de poing qui rappelle qu’entre la raison et le néant, il n’y a que quelques secondes.
Poète, cinéaste, prophète : Pier Paolo Pasolini fut abattu au matin du 2 novembre 1975. Dans sa mort, il avait déjà tout prévu — l’avènement d’un fascisme doux, médiatique, et moralement irréprochable.
“A House of Dynamite” — Quand Kathryn Bigelow rallume la peur du monde
Oubliée, la peur du feu nucléaire ? Dans A House of Dynamite, Kathryn Bigelow fait exploser le confort moral d’un monde persuadé que la bombe n’est qu’un souvenir. Un film coup de poing qui rappelle qu’entre la raison et le néant, il n’y a que quelques secondes.
Dans la seconde moitié du XXᵉ siècle, la peur de la bombe atomique faisait partie du quotidien. On la retrouvait partout : dans les manuels scolaires, les journaux, les rêves, les cauchemars, et dans ces films qui transformaient l’angoisse collective en prise de conscience politique. De Dr Folamour à Le Jour d’Après, de War Game à Terminator 2, le cinéma a marqué les esprits avec l’idée du néant, cette limite invisible entre la civilisation et l’oubli. Puis, cette peur s’est peu à peu effacée. L’Union soviétique s’est effondrée, les sirènes d’alerte se sont tues, et une génération entière a grandi sans craindre le champignon atomique dans le ciel. Le danger semblait s’être dissous dans la routine de la paix. La bombe n’était plus qu’un souvenir de la guerre froide, un mot d’histoire.
Pourtant, la menace existe toujours, c’est seulement notre mémoire qui s’est estompée. Depuis 2022, on reparle de “l’arme tactique” ou de “frappe préventive” avec une légèreté inquiétante. Le recours au nucléaire est présenté comme une option parmi d’autres, comme si l’impensable pouvait devenir acceptable. La semaine dernière pendant la Matinale de Fréquence Populaire, Georges Kuzmanovic rappelait que la culture populaire, à travers ses grands films, servait autrefois de garde-fou : elle gardait vivant le sentiment du risque, cette peur rationnelle et utile qui empêchait les puissants de se croire tout-puissants.
Je me souviens bien de cette peur. Enfant, j’habitais en haut d’un immeuble, avec une vue sur tout Paris. Régulièrement, je faisais le même rêve : au loin, au-dessus de la ville, plusieurs boules de feu apparaissaient dans le ciel. Les explosions étaient lentes, belles et silencieuses au début, puis la lumière devenait vent, puis vide. Dans ce rêve, je me demandais toujours : que faire ? où courir ? à qui dire adieu ? Et la réponse restait la même : il n’y a pas d’échappatoire. C’est cette certitude, à la fois naïve et profonde, que A House of Dynamite réveille.
Le nouveau film de Kathryn Bigelow n’est pas seulement un thriller, c’est aussi un miroir de notre époque. Là où Kubrick se moquait de la folie des chefs militaires, Bigelow montre la froideur des systèmes, la rigueur des procédures et la perte du discernement humain. Elle décrit un monde où personne ne sait vraiment qui commande ni pourquoi, où tout dépend de protocoles automatiques, de chaînes d’alerte et de validations qui effacent la responsabilité. A House of Dynamite ne parle pas de la guerre, mais du mécanisme qui la rend possible, ce moment où le système prend le dessus sur les individus.
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