Le bloc-notes de Raoul Sarrasin du 9 septembre 2025

Le lancement du site de Fréquence populaire coïncide donc avec la chute du gouvernement de François Bayrou et son remplacement par un porte-serviette d'Emmanuel Macron – cet événement à la fois anecdotique et révélateur.

Anecdotique car, dans le régime étrange en vigueur depuis la dissolution de juin 2024, cette chute était inéluctable, dès que François Bayrou aurait cessé de faire le mort pour éviter les coups. Or l'obligation de présenter un projet de budget à la rentrée parlementaire devait le forcer à sortir de son trou. Le fait qu'il ait préféré prendre les devants en demandant la confiance plutôt que d'attendre une motion de censure ne change pas grand chose – sinon qu'il fait gagner un peu de temps. Qu'il en soit remercié.  

Anecdotique par le caractère profondément médiocre de la personnalité politique concernée : ce politicien vieillissant, n'ayant obtenu son poste qu'en forçant la main à un Président de la République isolé et démonétisé, ne devant son maintien au pouvoir qu'à son inaction et au flou de son expression, finit sa carrière par un discours où il a enfilé les lieux communs les plus éculés, dans l'indifférence de tous les citoyens ou presque. Seule surprise, quelques jours avant sa chute, la découverte par ce septuagénaire comblé et multipensionné des inégalités générationnelles, non sans susciter un dialogue de sourds comme la vie politique française en raffole – alors que la question mérite d'être examinée, mais avec finesse et nuance, car la statistique, utile, ne se suffit pas à elle-même. Nulle mention, néanmoins, aux causes de la crise des finances publiques bien connues des fidèles de Fréquence populaire et de Jacques Sapir en particulier...