« Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit,
je n’étais pas communiste.
Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas social-démocrate.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus me chercher,
il ne restait plus personne pour protester » – Martin Niemöller.
L’Europe n’est pas un simple espace géographique ni une construction technocratique récente. Elle est avant tout une civilisation politique. C’est sur ce continent que s’est forgée, dans la douleur et le conflit, l’idée moderne selon laquelle le pouvoir doit être limité par le droit, que la liberté d’expression est un pilier non négociable de la démocratie, et que l’arbitraire constitue toujours le premier pas vers la servitude. Or c’est précisément cet héritage que l’Union européenne est aujourd’hui en train de démanteler, méthodiquement et sans état d’âme, au nom de causes prétendument supérieures.
Le 15 décembre 2025, le Conseil de l’Union européenne a ajouté plusieurs personnes à une liste de sanctions pour des activités dites « déstabilisatrices » attribuées à la Russie. Parmi elles se trouve un citoyen français, Xavier Moreau et un citoyen suisse, Jacques Baud. Il n’y a eu ni procès, ni audience, ni juge indépendant, ni débat contradictoire. Aucune preuve n’accompagne la décision. Aucun élément concret n’est rendu public. L’accusation est posée, la sanction tombe, et le public doit croire l’autorité politique sur parole. C’est arbitraire et contraire à tous les principes supposément défendus par l’Union européenne.
C’est dans cet espace politique et civilisationnel central qu’est l’Europe que se joue aujourd’hui une dérive majeure. Ce continent a pourtant été le laboratoire historique de la lutte contre l’arbitraire : de la Magna Carta à l’affaire Calas en passant par l’Habeas Corpus et le mouvement philosophique des Lumières, il a fait émerger les Droits de l’Homme, consacré la force du contrat, érigé la liberté d’expression en pilier de la démocratie et construit des institutions issues de la volonté de citoyens libres. Or, en quelques années à peine, l’Union européenne est en train de démanteler méthodiquement cet héritage. Ce qui est à l’œuvre dans cette affaire particulière, c’est le retour assumé de l’arbitraire, le piétinement de l’État de droit et la mise sous contrainte de la liberté d’expression. L’adhésion ou non aux opinions des personnes visées est totalement secondaire : il s’agit d’une question de principes fondamentaux, sans lesquels aucune démocratie ne peut prétendre exister.
Lire l’article en intégralité
Sur Fréquence Populaire, il n’y a pas de mur payant (paywall) :
tous nos articles sont accessibles gratuitement.
Nous vous demandons simplement de créer un compte gratuit avec votre adresse e-mail.
Cela nous permet de :
– vous prévenir de nos nouvelles enquêtes, émissions et articles,
– éviter la publicité et tout pistage intrusif,
– mieux comprendre combien de personnes nous lisent réellement.
Contribuer financièrement est facultatif : vous pouvez lire l’article sans payer.
Mais si vous le pouvez, votre soutien nous aide à faire vivre un média libre et indépendant.
Créer un compte gratuit