« Être un ennemi des États- Unis est dangereux, mais être son ami est fatal » - Henry Kissinger
Le secrétaire d’État américain aurait un jour fait remarquer au président Franklin D. Roosevelt : « Somoza est un salaud », ce à quoi le président aurait répondu : « Oui, mais c’est notre salaud. »
« Dans l'histoire, les nations ont recherché la satisfaction de leur intérêt égoïste plus souvent que l'application de leurs nobles principes, et se sont posées en rivales plus souvent qu'elles n'ont coopéré. Rien n'indique que ce comportement séculaire ait changé, aucun indice n'annonce sur ce point de transformation notable dans les prochaines décennies ». - Henry Kissinger.
« Good luck to all » - Donald Trump, New-York, 80ème cession de l'ONU.
La nouvelle « National Security Strategy » (NSS) américaine, datée de novembre 2025 et rendue publique en ce début décembre, ne révolutionne pas la politique de Washington contrairement à ce que semble croire des observateurs mal avisés : elle officialise un mouvement déjà à l’œuvre et, surtout, elle assume un langage de puissance décomplexé, frontal, transactionnel.
À ce titre, elle ne peut surprendre que ceux qui ont choisi de vivre dans le roman atlantiste, persuadés que les États-Unis défendent d’abord des « valeurs », « la liberté » et « le camp occidental», seulement ensuite des intérêts.
Les réalistes – qu’ils soient américains ou européens – savent depuis longtemps que l’ordre international n’est pas une communauté morale mais une structure de rapports de force. John Mearsheimer n’a cessé de le rappeler : les grandes puissances privilégient la sécurité et l’influence, pas l’édification morale du monde. Il suffit d'étudier le rapport américain au monde depuis des décennies pour s'en convaincre, mais ce pays profite d'un voile de dissonance cognitive qui ceint les consciences de nombreux politiciens, journalistes et intellectuels, en particulier en Europe, incapable de penser leur rapport au monde hors du champ de l'idéalisme, les rendant de ce fait impropres à comprendre quoi que ce soit au concept de puissance.
Vue de France, avec un réflexe gaulliste assumé, cette NSS 2025 ressemble moins à une « rupture » qu’à un aveu tardif de ce que Washington fait depuis toujours, et intensément depuis le milieu des années 90 : hiérarchiser ses priorités, maintenir son hégémonie au niveau le plus haut, refuser l’overstretch, et transformer ses alliances en instruments. Les États-Unis font ce que font toutes les grandes puissances. Personne ne peut leur reprocher de défendre leurs intérêts. Le problème n’est pas Washington ; le problème est notre docilité française et européenne.
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