Ratification, piège à cons

Sous les applaudissements officiels, la récente ratification de la Convention 155 de l’OIT cache une imposture : l’État français salue la prévention internationale tout en démantelant, chez lui, les outils qui la rendent possible.

Ratification, piège à cons
« Mais Dieu se rit des prières qu'on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s'oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. » - Jacques-Bénigne Bossuet

Le 15 octobre 2025, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité le projet de loi autorisant la ratification de la Convention n° 155 de l’Organisation internationale du travail sur la sécurité et la santé des travailleurs.

Adoptée à Genève en 1981, cette convention consacre des principes de prévention qui, en droit, s’appliquent déjà depuis plus de vingt ans en France. Il aura pourtant fallu quarante-quatre ans pour que la « patrie des droits de l’homme » s’y rallie officiellement, un record de lenteur quand on sait que nos principaux partenaires européens avaient déjà franchi le pas avant la chute du mur de Berlin… de quoi faire sourire si l’enjeu n’était pas aussi grave : la santé et la vie de millions de travailleurs.

Au cours de ces quatre décennies, et en particulier ces dernières années, les chiffres de la souffrance au travail se sont emballés : en 2023, on estime à 1 287 le nombre de décès liés au travail en France (INRS 2024), incluant les accidents du travail, les accidents de trajet et les maladies professionnelles ; avec 759 morts pour les accidents du travail seuls, et 33 suicides officiellement reconnus comme directement liés au travail (un chiffre très certainement bien en dessous de la réalité quand on sait que, déjà, un agriculteur se donne la mort tous les deux jours en France).
La DARES rapporte par ailleurs plus de 650 000 accidents avec arrêt enregistrés (2024). À cela s’ajoutent 120 000 maladies professionnelles reconnues, essentiellement des troubles musculosquelettiques, mais aussi des cancers liés à l’amiante ou aux produits chimiques. Quant aux troubles psychiques, ils explosent : près d’un quart des arrêts longs en 2023 concernent un épuisement professionnel ou une dépression liée au travail (Santé publique France, 2024). Ces chiffres, stables depuis dix ans, témoignent d’une prévention inefficace, sinon sur le papier.

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