« À quels enfants allons-nous laisser le monde ? » — Jaime Semprun
L’affaire Jean Pormanove (nom de scène), ancien militaire fragile, handicapé, sans doute atteint de troubles du stress post-traumatique (TSPT) , restera comme un scandale moral majeur de notre époque. Pendant deux longues années, cet homme vulnérable a été torturé en direct sur Internet, sous les yeux d’une foule de spectateurs non seulement passifs, mais complices, puisqu’ils payaient pour assister à ses souffrances. Les bourreaux, un petit groupe de jeunes cyniques, ont amassé une véritable fortune en transformant la souffrance humaine en produit marchand, en spectacle monnayé. Ce n’est pas seulement abominable et honteux : c’est le symptôme d’une barbarie nouvelle, gratuite, décomplexée, qui jaillit d’un corps social désagrégé et anesthésié.
Ce drame n’a pas surgi du néant : il est le fruit d’une lente érosion des repères collectifs qui donnaient autrefois une direction morale à nos sociétés. Politesse, culture, éducation, discipline, respect de l’autre, famille, école, patrie, histoire, humanisme — toutes ces balises qui constituaient le socle d’une civilisation vivante se sont effacées sous les coups de boutoir d’un néolibéralisme qui a érigé l’individualisme extrême en dogme. Dans un tel contexte, rien d’étonnant à ce que la violence et l’humiliation deviennent objets de consommation, comme jadis dans les arènes romaines où la foule réclamait le sang des suppliciés.
 
  
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