Ce qui a été décidé — et ce que cela change
À l’issue d’une première réunion trilatérale à Téhéran, l’Iran, l’Inde et l’Ouzbékistan ont mis en place un cadre de coopération politique et économique, avec un accent explicite sur la facilitation de l’usage du port iranien de Chabahar par l’Ouzbékistan pour son commerce avec l’Inde.
Depuis l’Occident, cela peut paraitre exotique et sûrement un peu abscons, mais c’est un aspect régional important de l’autonomisation du Sud Global et de la redéfinition de l’organisation du commerce international. Chabahar est un jalon important : il officialise un projet discuté de longue date et pose les bases de mécanismes techniques (douanes, transit, sûreté, tarification) qui manquaient pour passer d’essais ponctuels à des flux commerciaux réguliers. Plusieurs médias d’Asie centrale et indiens ont rapporté la décision ouzbèke d’utiliser Chabahar, tandis que la presse indienne a insisté sur le caractère « central » de ce format trilatéral. Le texte juridique détaillé n’a pas été rendu public, mais l’orientation est claire : contourner les goulots d’étranglement pakistanais et donner une sortie maritime compétitive aux pays enclavés… tout en évitant le contrôle des Etats-Unis
Le choix stratégique de Chabahar
Situé sur le Golfe d’Oman, Chabahar est le seul port océanique de l’Iran. Il ouvre une double perspective : vers le Corridor international Nord–Sud, le fameux INSTC (International North-South Transport Corridor – Corridor de Transport International Nord-Sud), vecteur de liaisons Irano-caspiennes jusqu’à la Russie et l’Europe, et vers l’Asie centrale par les axes ferroviaires et routiers de l’est iranien et du Turkménistan. C’est un projet central pour les BRICS, qui permet à la Russie et à l’Iran de se désenclaver un peu plus, tout en contribuant à isoler un peu plus l’Europe.
Pour l’Inde, c’est la possibilité d’exporter leurs productions industrielles – pharmacie, machines, produits agroalimentaires et services vers l’Asie centrale sans passer par Karachi, ennemi éternel, et d’importer énergie, uranium, métaux et engrais, en particulier de Russie via une route plus courte et plus prévisible. Cela explique aussi la détermination de l’Inde à refuser les diktats de Washington l’enjoignant à cesser ses échanges avec la Russie : l’Inde a bien plus à gagner en développant ces nouvelles routes commerciales plutôt qu’à conserver le marché américain et les Etats-Unis s’en sont très rapidement rendu compte, forçant Donal Trump à faire volteface et à négocier avec New Delhi.
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